Perdre un proche, c’est plutôt de l’ordre de l’intime, c’est personnel.. Et je ne suis pas du genre à étaler ma vie privée sur les réseaux sociaux. Ma peine ne regarde que moi. Mais voilà, je ne serais pas arrivé à être celui qui peint des aquarelles et qui transmet son savoir si je n’avais pas eu mes parents. Aujourd’hui je n’ai plus de parents. Mon père a quitté ce monde hier. Cette une phrase que je préfère dire plutôt que « Papa est mort », car il n’y a au fond qu’une séparation de monde. L’Amour n’est pas limité à cela.

Vous qui lisez ces lignes c’est peut-être ce que vous avez déjà connu. On dit que perdre ses parents, quand ils ont « suffisamment » vieilli, c’est dans l’ordre des choses.. car il est d’évidence que nous sommes mortels et que la vie est de plus en plus fragile au fil des ans. Donc, logiquement, au bout d’un certain temps c’est dans l’ordre des choses de perdre ses parents, même si cela créé un désordre des choses du coeur..

Aujourd’hui cet article n’est rien d’autre qu’un hommage à celui qui, comme ma mère, m’a toujours soutenu, moi le huitième de ses huit enfants.. Tous aimés pareils.. La voie artistique que j’ai choisie n’était pas la plus rassurante pour des parents aimants, surtout quand ma propre famille s’est agrandie avec un, puis 2 puis 3 puis 4 enfants, les débuts étaient laborieux, mais petit à petit j’ai passé des étapes, donné mes 1ers cours de peinture en MJC, et vécu mes premières expos et journées de peintres dans la rue, dans l’incertitude absolue de gagner quelques euros et de vivre de son art..

Ce n’était peut-être pas raisonnable, mais mon père ne m’en a jamais découragé.

La suite on la connait, d’autres expos, des rencontres, la galerie, et je persévère à vouloir tracer ma voie d’artiste peintre.

Mon père me l’a dit ; Il était fier de moi. Moi qui pensais le décevoir de n’avoir pas su trouver un vrai métier… Moi qui doute tous les jours de la qualité de mon travail.. Il était fier de moi !..

« Ne pleure pas de l’avoir perdu, réjouis toi de l’avoir connu » ;;; Cette citation m’aide tous les jours.

Maintenant à qui vais-je dire que j’ai gagné un prix à l’aquarelle ou que mon nom est paru dans un magazine d’art ? A qui raconter mes victoires en tennis ? Comment lui parler de ses petits enfants..?

Mon père n’était qu’un petit monsieur d’1,65 m, professeur de lettres (Français, latin, grec) au lycée ; il aimait la littérature, la poésie, la musique classique, le tennis, et sa famille par dessus tout.. Il a été sévère quand je le méritais, mais toujours juste.

Je me souviens de certains soirs, quand il m’emmenait sur la terrasse pour me bercer et m’endormir… soleil couchant… premières étoiles .. rocking chair.. c’était si doux..

Et puis, je me souviens du jour où il est rentré du lycée pour m’annoncer les résultats du bac. En franchissant la porte, alors que je le questionnais avec insistance il n’a rien dit, il a juste fait un petit tour sur lui même, en levant les mains au ciel et en rigolant, une sorte de petite danse… ridicule… mais festive…

Il était heureux, et fier de moi !

Mon papa…