Depuis des années j’avais toujours repoussé l’idée de faire un stage avec un maître aquarelliste par peur d’être trop influencé par la suite, et de peindre comme lui.. Passant outre ces doutes, j’ai enfin décidé de franchir le pas lors d’un stage organisé au charmant village du Poët-Laval dans la Drôme. Passer une journée en tant qu’élève, se remettre en question, c’était important.. Oui c’était important de mette en pratique ce que Je répète souvent à mes stagiaires : le but n’est pas de peindre comme moi mais d’acquérir des outils, une expérience, et l’observation d’UNE façon de faire.. Nul ne détenant la vérité dans la meilleure façon de peindre à l’aquarelle, ce sont juste des « informations » qui mènent à l’évolution de notre propre expression.
Pour ceux qui ne le connaissent pas , Bei An Cao est un maître aquarelliste chinois, bardé de prix, qui vit en Belgique. Son accent rend difficile à suivre certaines explications mais il est très sympa et très bon pédagogue.
Nous étions une bonne quinzaine, et malgré ce nombre nous avons eu droit à des conseils personnalisés sur nos aquarelles, voire des corrections.. J’ai eu droit à des compliments sur mon dessin, mais il fallait que je rentre moins dans le détail , que je mette moins de couleurs différentes.. J’ai compris certains de mes stagiaires qui ont ce sentiment d’être nul ou de désapprendre ce qu’il pensaient savoir.. Moi qui aime tant mettre de la couleur, des fleurs, des pierres apparentes, ce n’était pas la bonne façon .. Cao n’utilise que 5 ou 6 couleurs principalement, et ceci avec d’énormes pinceaux plats (dont je me serais servi pour peindre mes volets).. Je dois avouer m’être senti besogneux dans mes aquarelles, presque enfantin dans leur approche, au regard de ce que le maître attendait.. Je me suis rendu compte que je touchais là vraiment ce pourquoi j’étais venu. Sortir de ma zone de confort, être bousculé dans mes certitudes, apprendre un autre regard pour évoluer… Mettre K.O. ses peurs, mettre le chaos dans ses certitudes, dans ses envies de vouloir plaire à tout prix, Maître Cao aura été ce guide.. Ce n’est pas évident, mais c’est un pas de géant..
Voici quelques photos du stage ; la dernière montre ma version « à sa manière » de ce que l’on perçoit.. Fini les fioritures, les fleurs (ou le petit chat !), place à l’essentiel et aux valeurs équilibrées.. J’ai compris que c’était « tépôtan » (= très important).. Important aussi le choix du papier. Pour lui, Canson, bambou, le « petit coq » (= Moulin du coq) ne sont pas des papiers aquarelles ; l’eau restant en surface. Le meilleur étant le H ( = Arches), 300 g , grain fin de préférence.. Je suis bien d’accord..
Bon, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas changer de style du jour au lendemain ; suivre un stage n’est pas une annihilation de ce que l’on était, c’est juste une pierre à l’édifice de notre évolution, de ce qui fait notre peinture au fil des ans.. C’est ainsi que l’on progresse..
Demain je recevrai par mail vos réponses à l’exercice pour élèves ; n’oubliez pas que je ne publierai que les 20 premiers par ordre d’arrivée..
Passez un bon week-end !
Tout ce que vous écrivez est juste. Cependant s’il faut s’enrichir des partages avec d’autres, il faut aussi garder son identité. C’est ce que vous avez fait ! Votre aquarelle est magnifique et refléte toujours votre poésie !