Qui sommes nous ? Combien sommes nous ? Je me pose souvent cette question sur ma profession et mon choix de vie, en France.. D’après la Maison des Artistes (à laquelle je suis inscrit depuis 2006) il y aurait un peu plus de 62000 artistes dont environ 30 % en peinture. Difficile de quantifier ceux qui possèdent un atelier ou qui vivent « normalement » de leur art, d’après une étude nous serions environ 5000, ce qui , au regard de 68 millions de français est bien peu. Mais les aquarellistes sont encore moins nombreux. Essayez de repérer les ateliers d’aquarellistes où que vous soyez en France, vous me direz si vous en dénombrez plus de 500, cela m’étonnerait.. Et si l’on se base sur le magazine L’Art de l’Aquarelle, d’après leur actualité des artistes, c’est toujours la même trentaine de personnes dont on parle généralement. Je ne suis pas aussi actif que ceux là pour animer des stages, et mon niveau (et ma disponibilité) ne me permettent pas de postuler à divers salons en France. Je suis pourtant Aquarelliste professionnel, moi aussi. J’ai parfois l’impression d’être une espèce en voie de disparition , surtout si les aléas de ce monde continuent ainsi..
Il y a beaucoup de pratiquants (d’aquarelle), en amateur ou en semi professionnel, certains ont la chance d’avoir une retraite à côté leur permettant de (sur)vivre, sans avoir cette peur de ne pas vendre. Personnellement, si je voulais prendre ma retraite à 65 ans, je n’aurai que 500 € (brut !) de pension.. Pas de quoi fanfaronner.. A l’approche de la réouverture de l’atelier galerie de Roussillon, cette année plus que toute autre, se posera la question de savoir si l’on pourra payer le loyer et s’en sortir. Le prix de l’essence (plus de 2,10 € le litre de gasoil) me fait craindre la raréfaction des visiteurs, et donc des acheteurs, cette saison.. Oui, je suis inquiet. Mon regard d’aquarelliste sur les paysages qui m’entourent est un peu comme l’Amour et l’eau fraîche ; on en vit difficilement.
« Regards d’aquarellistes » c’est aussi le nom de l’exposition que j’ai choisie et que j’aurai l’honneur de faire à Vedène en juillet prochain. En voici l’affiche :

Accompagné par Alain Rolland et Stéphane Langeron. A noter dans vos agendas quand vous passerez par là cet été..
A part ça, j’ai reçu le magazine L’art de l’aquarelle hier, et je n’ai hélas pas eu la chance d’être sélectionné parmi les 50 du concours.. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps (mais je l’ai fait au dessus du potager, pour pas gâcher, vu la sécheresse actuelle), ensuite je me suis dit que j’étais peut-être hors sujet pour le thème (l’action), mais j’y ai vu des vagues et des embruns, des portraits aussi, alors… Bref, je me suis dit que mes « amis » n’avaient finalement pas voté pour moi, du coup, pour protester je ferai la grève des exercices gratuits sur mon site.. Vous verrez le mois prochain !!!! Niet !! (Le russe est à la mode..).. Bon sérieusement, j’arrête de plaisanter, je sais bien que part rapport à ce que vivent les ukrainiens en ce moment, cette petite broutille n’est qu’un pet de sauterelle..
A part ça, j’ai appris qu’une influenceuse (des réseaux sociaux) proposait de vendre l’eau de son bain pour 1500 €. Certes, je ne suis pas aussi bien « gaulé », et je préfère la douche au bain, mais je peux proposer des aquarelles avec un zéro de moins.. (ça reste du mouillé sur mouillé…). J’en rigole, mais au fond je me dis que ces influenceurs(euses) des réseaux sociaux sont une véritable calamité pour notre jeunesse.. Des abymes de vacuité, de superficialité, qui engluent les cerveaux (ou ce qu’il en reste) de ceux qui les regardent.. Hélas… Où allons nous…?
Je vous laisse avec cette aquarelle de falaise sur la côte varoise :

Je la réserve pour participer au prochain salon Lun’aquarelle de St Sériès en octobre prochain (si j’y suis accepté).
C’est un regard d’aquarelliste, parmi d’autres…
A bientôt !
L’aquarelle de La falaise sur la côte varoise est très belle, on dirait une photo !;;;
Oui très belle, d accord avec Michèle
Aaarf, comme je me retrouve dans vos questionnements et inquiétudes! Vivre de sa passion et son art n’est pas chose aisée. Moi-même suis en pleine création de ma ptite entreprise spécialisée dans l’aquarelle, et entre les diverses démarches administratives à mener de front, les chantiers juridico-financiers à explorer, le démarchage (mais je n’aime pas ce terme) de clients, projets ou pistes potentiels, le temps perdu à se débattre dans les méandres et injonctions des réseaux sociaux, le temps qu’il faut pour privilégier une stratégie plus locale, avec du contact humain bref…..
Après je voulais vous dire deux choses (a minima 😄 – je suis bavarde) ; d’une moi aussi les réseaux sociaux m’énervent au plus au point, pour ne parler que de la sphère artistique je n’en peux plus de voir ces différents réseaux conforter le gap entre les artistes – la grande majorité – pas nécessairement très équipés ni formés pour exploiter ces tremplins de marketing, communication et commercialisation et vente de produits, ou qui n’ont pas eu envie de rester dans leur zone de confort en peaufinant toujours et encore leur sujet de prédilection ou de facilité, et les quelques influenceurs ou personnes ayant le leadership sur le secteur, parce que justement bien formés au marketing et au fonctionnement des réseaux sociaux, et qui se sont nichés sur un sujet ou thème bien précis et maîtrisé….bref oligarchie ou oligopole, c’est en tout cas énervant de voir à quel point une poignée de pratiquant(e)s de l’aquarelle peuvent être suivis par des millions d’abonnés – et ça encore je m’en fiche, qu’est-ce que ça rapporte au fond en termes de sens à sa quête artistique d’avoir 3 ou 4 millions de followers que l’on ne connaît pour la plupart pas …. – alors qu’en termes de talent tout se discute hein ; mais le plus grave c’est les conséquences que cela a en termes de normalisation d’une communauté artistique. En l’occurrence l’agenda et les courants de publications de la communauté aquarelliste sont rythmés par les stages gratuits et challenges de ces leaders, et reste trop souvent à mon goût cantonné aux gentilles et jolies (au demeurant) couronnes florales, et autres compos de fleurs et aux paysages doux et pastels. C’est quand même bien dommage de limiter cette technique et ce médium artistique à ce petit périmètre, quand on sait et/ou qu’on on compte bien exploiter tout son potentiel et sa puissance d’enseignement. Pour moi l’aquarelle n’est pas qu’un loisir reposant et apaisant, c’est un univers technique exigeant, dont l’arythmie de réalisation entre les épisodes de rush et les moments de rien (selon qu’il faut se dépêcher de poser ses couleurs avant que le papier sèche, ou devoir attendre que… le papier sèche 🫠😬), la danse incertaine avec l’eau, qui reste maître du process, et plus si affinités quand on aime explorer et expérimenter comme moi… qui m’apprend des tas de choses sur moi, et me nourrit de questionnements existentiels. Et j’aime bien peindre des thèmes ou sujets peu abordés, comme la viande, le fromage, les poissons, bref l’aquarelle culinaire, mais aussi des devantures de restaurants, bars, scènes de rue et de vie…. l’idée étant de tout explorer sans se poser des limites a priori.
Mais bon bref je pourrais en parler des heures
La deuxième chose que je voulais vous dire c’est que à mon humble avis vous n’avez aucune larmichette à verser sur le fait de ne pas avoir été retenu dans le magazine L’Art de l’aquarelle, franchement il n’y a pas que cette vitrine médiatique pour être connu, reconnu et légitimité par les pontes du domaine…. Moi-même d’ailleurs je l’achète parfois et j’avoue admirer le niveau de maîtrise technique de certains artistes ou la beauté de leurs œuvres, mais à mon sens ça reste dans le domaine très classiciste de l’aquarelle. Il faut innover, expérimenter de nouvelles choses dans notre pratique artistique, mais aussi contraindre à renouveler les media, canaux, sources et formats de diffusion consacré à l’aquarelle !
Au plaisir d’échanger avec vous tous plus avant sur ces sujets !
Clémence Bedu alias Aquaclem82