Cela fait une dizaine de jours que je n’ai pas touché un pinceau, ce qui est assez rare dans une année ; la coupure était salutaire, et maintenant le renouveau (comme les premiers amandiers en fleurs) annonce un printemps prometteur..
J’étais de retour dans mon passé, où les choses ont tant changé , (je pense à ces paroles de La Bohème d’Aznavour : « …Quand au hasard des jours je m’en vais faire un tour à mon ancienne adresse, je ne reconnais plus ni les murs ni les rues qui ont fait ma jeunesse..) , les maisons ont poussé de partout, les arbres ont laissé place à d’autres arbres, d’autres fleurs, les gens ont changé, vieilli, bref le temps est passé… Ce qui ne change pas c’est cette lumière sur le bord des nuages au lever du jour, leur reflet sur la baie, les couleurs et les contrastes forts des verts, des bleus, les éclats des fleurs, et je me rend compte que c’est bien cela qui m’a donné le goût de la beauté, cette émotion à peindre, d’essayer de rendre hommage à la nature .. C’est ce que j’ai retrouvé et continué plus tard en Provence..
Je suis tombé sur une lettre écrite à mes parents il y a 30 ans, où je parle de mes études en 3ème année de beaux-arts..Elle me semble étrangement encore d’actualité.. En voici un extrait : « …/…j’assiste aux cours mais concernant le travail personnel je ne peux rien faire. Je peins des tableaux à la maison, dans des couleurs et des thèmes qui me plaisent, mais à l’école rien.. Il n’est pas question que je continue à me forcer, à me mentir à moi-même, à peindre des *** pour faire plaisir à des profs qui ne comprennent et ne veulent que l’art contemporain.. J’en déduis que la différence entre eux et moi c’est que leur peinture est intellectuelle alors que la mienne vient du coeur.. Je ne voudrais pas perdre ma personnalité pour atteindre leur niveau. …/… »
Le temps est passé , j’ai fait surement plein d’erreurs , mais je me rend compte que la peinture qui vient du coeur a toujours été mon chemin de vie ; on peut la juger trop colorée, trop naïve, trop simpliste, mais c’est sans doute parce qu’elle doit me ressembler un peu. Défauts ou qualités, qu’importe…
On peint ce que l’on est.
(une aquarelle d’une plage du sud Martinique, peinte il y a une dizaine d’années)