On peut se rattraper

Il est plus facile à l’huile ou à l’acrylique de rattraper ses erreurs ; peindre par dessus , sans risquer de saturer, est un avantage par rapport à l’aquarelle, où la transparence et la spontanéité doivent être la règle…

Il m’arrive très souvent de retoucher d’anciennes aquarelles (mon passe temps favori), car mes quelques progrès me le permettent, mais depuis que j’ai décidé de réexposer mes huiles, alors là je m’en donne à coeur joie pour modifier complètement certains paysages..(L’avantage de ne pas les avoir vernis..!).. Voici par exemple un ancien paysage d’automne, que j’ai revisité aux couleurs des lavandes :

Les vignes se sont transformées en champs de lavandes, les cerisiers d’automne en oliviers, et puis « abracadabra », l’ambiance change… (à noter que c’est un travail au couteau et au pinceau).

Un autre exemple :

Cette horrible peinture (qui était auparavant une rivière sous les arbres) avait déjà été modifiée.. Cela doit être sa 3éme ou 4éme vie maintenant, avec ces oliviers au crépuscule qui sont apparus, et ce, même si l’on peut apercevoir les reliefs de l’ancienne vie.. Nous vivons avec nos cicatrices, il faut juste l’accepter..

Bref, à propos d’acceptation, j’ai pu constater hier avec la sortie du dernier « Pratique des Arts » qu’aucune de mes aquarelles n’avaient franchi le cap des 30 sélectionnés du concours.. Alors bien sûr j’en ai pas dormi de la nuit,  effondré, j’ai pleuré toute la journée, me disant que j’étais nul, j’ai vidé la bouteille de Champomy, puis celle de cidre (doux, faut pas exagérer…), j’ai jeté mes pinceaux, engueulé mon chat, bref, il fallait bien trouver un responsable de ma médiocrité, et puis… et puis…  Je me suis dit que finalement je n’étais peut-être pas loin.. Que j’étais peut-être 31ème, avec 92 voix, et que même si je n’ai jamais eu aucune parution ni dans Pratique des Arts ni dans L’Art de l’Aquarelle (malgré ma participation régulière à leurs concours) c’est peut-être parce que mon talent leur fait peur..  Que j’étais un artiste incompris..?…   Damned…!

Non, rassurez-vous, je voulais juste vous faire sourire un peu.. J’accorde bien plus d’importance aux rencontres que je fais dans mon atelier, (comme récemment encore), ou aux regards des gens que je touche avec mes modestes aquarelles, qu’à n’importe quelle récompense ou parution dans un magazine..  La vérité est dans le regard, pas dans l’apparence.

Un mot enfin pour vous annoncer le prochain exercice à paraître mardi prochain. Ne blâmez pas vos erreurs, on peut toujours se rattraper…

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Regarder, ça n’a rien à voir

Entendre c’est bien, écouter c’est mieux, et c’est pareil pour la vision de ce qui nous entoure, toutes ces choses , ces beautés devant lesquelles nous passons, sans y prêter attention parce qu’elles sont là, offertes gratuitement, et l’habitude (l’endormissement) fait que l’on finit par voir sans regarder..

Et pourtant chaque fleur est un monde, chaque détour de chemin est un univers à peindre, à ressentir avec son âme d’artiste, et qu’importe si le rendu n’est pas parfait, on fait toujours ce que l’on peut..

Être conscient de cela c’est déjà mieux que d’avoir la tête rivée sur son portable à longueur de journée à guetter la moindre notification, le moindre « like », le moindre buzz .. (Je reste effaré par le nombre de jeunes ou de couples que je croise, chacun plongé sur son portable, ou avec ses écouteurs.. Le reste du monde est-il si horrible ?)

Nous voici donc en automne, et si l’on peut être désolé par les incendies qui continuent dans certains pays, (le réchauffement climatique n’est sans doute pas assez ressenti), je préfère percevoir le feu des couleurs automnales qui commencent à poindre le bout de leur nez..

Cet endroit se situe à quelques dizaines de mètres en contrebas du Crestet, où j’ai pris les photos pour l’exercice mensuel. Comme je n’aurai sans doute pas le temps de faire ma version du sujet, vous pouvez voir ici 3 interprétations de ce  même lieu, vu de différents angles (et le dernier avec une technique mixte)..  J’avoue avoir légèrement exagéré les couleurs automnales, mais bon, c’était juste de l’anticipation..

Je voulais aussi en profiter pour saluer Arlette qui fut de passage à la galerie de Roussillon ; elle m’a dit que mon site et mes vidéos étaient bien connus en Suisse, parmi les amateurs d’aquarelle, j’en suis toujours étonné.. Un grand salut donc à nos amis suisses , et belges par la même occasion..

N’oubliez pas d’ouvrir grand les yeux, de contempler ce qui pourrait paraître anodin voire invisible .. La beauté s’y cache parfois…

« Nous croyons regarder la nature, mais c’est la nature qui nous regarde et nous imprègne. »

Je crois qu’ c’est Claire

Il y a de nombreux aquarellistes dont j’admire le talent, la technique, la vision des choses, et ce genre d’admiration me pousse à continuer de peindre pour progresser . Ils sont trop nombreux pour tous les citer, Anne Baron, David Chauvin, Ann Blockley, Carol Evans, Christian Graniou, etc.., j’aime aussi l’univers de Claire Valentin (qui était présente à Brioude), bref, chacun a son univers dont les galaxies transportent les planètes de nos émotions, et il ne faut pas chercher à savoir pourquoi..

Je ne suis pas sectaire dans mes appréciations , il n’y a pas que l’aquarelle ; cela fait plusieurs années que je suis fan des peintures de l’artiste Claire Degans.  Ses  acryliques, offrent une ambiance brumeuse et lumineuse, empreintes de nostalgie , de rêve et de contemplation, qui me plait vraiment.. J’aime particulièrement ce petit personnage parfois présent, assis, en contre-jour du paysage contemplé.. Je m’y retrouve sans doute, et sans doute j’aurais peint comme cela si je m’étais lancé dans l’acrylique..

Pour mon anniversaire , surprise, j’ai eu droit à une invitation de son vernissage à Villeneuve -lès-Avignon, et donc pu la rencontrer et voir ses peintures en vrai..Si toutes ses oeuvres ne sont pas à ma portée (financièrement) il n’est pas impossible que je me laisse tenter un jour…

 

Les photos ne rendent pas compte des subtilités des nuances, mais je vous invite à aller voir son expo qui dure jusque début novembre à l’abbaye Saint-André au fort de Villeneuve-lès-Avignon ; placé au sein des romantiques jardins de l’abbaye (l’entrée est payante) vous avez aussi une vue magnifique sur Avignon de là-bas..

J’en profite également pour signaler l’ouverture du nouvel atelier galerie de ma collègue et amie Ann R  à Ménerbes. Son univers animalier, particulier, fait montre d’une technique à l’huile, remarquable, ainsi que des collages et des encres..

Les liens de ces artistes sont visibles sur mon site.

Cette semaine est très chargée avec la reprise de tous mes cours hebdomadaires, et donc je n’aurai probablement pas le temps de faire ma version de l’exercice pour élève ; les 20 premières réponses ont été vite reçues (en une demie heure !), les commentaires ont été postés hier, ils seront visibles jusqu’au 1er octobre.

Chassez le naturel….   Ne m’en veuillez pas, je n’ai pu m’empêcher de rajouter quelques coquelicots à mon exercice de stage avec Cao Bei An…

La remise au fond du jardin (30 x 40 cm)Dans la brume de nos doutes perpétuels, il y a souvent des réminiscences , des résurgences du fond de l’âme, qui résistent malgré tout.. Pour moi ce sont des touches de couleurs. Je commence à comprendre ; même dans le flou, je crois que c’est clair…

Maître Cao

Depuis des années j’avais toujours repoussé l’idée de faire un stage avec un maître aquarelliste par peur d’être trop influencé par la suite, et de peindre comme lui.. Passant outre ces doutes, j’ai enfin décidé de franchir le pas lors d’un stage organisé au charmant village du Poët-Laval dans la Drôme.  Passer une journée en tant qu’élève, se remettre en question, c’était important..  Oui c’était important de mette en pratique ce que Je  répète souvent à mes stagiaires : le but  n’est pas de peindre comme moi mais d’acquérir des outils, une expérience, et l’observation d’UNE façon de faire..   Nul ne détenant la vérité dans la meilleure façon de peindre à l’aquarelle, ce sont juste des « informations » qui mènent à l’évolution de notre propre expression.

Pour ceux qui ne le connaissent pas , Bei An Cao est un maître aquarelliste chinois, bardé de prix, qui vit en Belgique. Son accent rend difficile à suivre certaines explications mais il est très sympa et très bon pédagogue.

Cao en démo Nous étions une bonne quinzaine, et malgré ce nombre nous avons eu droit à des conseils personnalisés sur nos aquarelles, voire des corrections..  J’ai eu droit à des compliments sur mon dessin, mais il fallait que je rentre moins dans le détail , que je mette moins de couleurs différentes.. J’ai compris certains de mes stagiaires qui ont ce sentiment d’être nul ou de désapprendre ce qu’il pensaient savoir.. Moi qui aime tant mettre de la couleur, des fleurs, des pierres apparentes, ce n’était pas la bonne façon .. Cao n’utilise que 5 ou 6 couleurs principalement, et ceci avec d’énormes pinceaux plats (dont je me serais servi pour peindre mes volets).. Je dois avouer m’être senti besogneux dans mes aquarelles, presque enfantin dans leur approche, au regard de ce que le maître attendait.. Je me suis rendu compte que je touchais là vraiment ce pourquoi j’étais venu.  Sortir de ma zone de confort, être bousculé dans mes certitudes, apprendre un autre regard pour évoluer… Mettre K.O. ses peurs, mettre le chaos dans ses certitudes, dans ses envies de vouloir plaire à tout prix, Maître Cao aura été ce guide..   Ce n’est pas évident, mais c’est un pas de géant..

Voici quelques photos du stage ; la dernière montre ma version « à sa manière » de ce que l’on perçoit.. Fini les fioritures, les fleurs (ou le petit chat !), place à l’essentiel et aux valeurs équilibrées.. J’ai compris que c’était « tépôtan » (= très important)..  Important aussi le choix du papier.  Pour lui, Canson, bambou, le « petit coq » (= Moulin du coq) ne sont pas des papiers aquarelles ; l’eau restant en surface. Le meilleur étant le H ( = Arches), 300 g , grain fin de préférence..   Je suis bien d’accord..

Bon, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas changer de style du jour au lendemain ;  suivre un stage n’est pas une annihilation de ce que l’on était, c’est juste une pierre à l’édifice de notre évolution, de ce qui fait notre peinture au fil des ans..   C’est ainsi que l’on progresse..

Demain je recevrai par mail vos réponses à l’exercice pour élèves ; n’oubliez pas que je ne publierai que les 20 premiers par ordre d’arrivée..

Passez un bon week-end !

Partir, revenir…

Les rencontres et les choix que l’on fait font l’intérêt de notre vie. Bons ou mauvais, ils enrichissent notre compréhension du monde et nous enseignent  pourquoi il fallait passer par là.

Pourquoi diriger le pinceau à tel moment, mettre telle couleur, prendre tel chemin ?  « Let the mystery be » (comme dirait la chanson)..  Et si je prenais , au hasard, mes 53 dernières aquarelles, il y en aurait surement que je regretterais, d’autres dont je serais fier, d’autres encore que je chercherais à améliorer, corriger, si cela est possible..

Les fidèles de ce blog reconnaîtront ces 2 aquarelles :

Reflets d'automne en Luberon (43 x 60 cm)Reflets d’automne en Luberon. Une aquarelle retouchée la semaine dernière et exposée à Roussillon..

Brume matinale sur la SorgueEnfin, cette brume matinale sur la Sorgue, dont j’ai rehaussé le ciel et les reflets.. La lumière apparaît mieux quand l’obscurité la fait ressortir..

A la galerie de Roussillon, peindre n’est pas ma seule activité ; je discute volontiers avec des visiteurs qui font l’effort de s’intéresser à ce que l’on fait ; il y a parfois de la superficialité , des redondances dans le discours, mais aussi des oasis dans le désert. .     Il y a des rencontres bouleversantes, comme ce vieux monsieur passé la semaine dernière. Je ne comprenais pas pourquoi il avait les larmes aux yeux.  Il venait de Nouvelle-Zélande. Puis il m’a expliqué qu’il était venu l’année dernière avec sa femme, en Provence.. Elle  est décédée il y a 2 mois.   Il refaisait en pèlerinage les lieux de leur  dernier voyage ensemble . Raviver le souvenir..  Braver l’injustice ressentie de la séparation.  Remarcher sur les pas du bonheur qui fut…     C’était  un vieux couple.  ( Ils avaient sans doute 53 ans de vie commune). Elle aimait les fleurs, les belles choses..  Et son dernier coup de coeur, son dernier achat, fut fait dans ma galerie l’année dernière..

Dawn's last purchase Elle s’appelait Dawn.   Il m’a montré la photo de ces coquelicots qu’elle aimait tant, et qui étaient accrochés maintenant au dessus de son urne funéraire..

Partir, revenir.. En Amour, le temps et l’espace ne sont rien.  Il y a des choses qui sont éternelles.

Cette rencontre restera une image forte de ma petite vie d’aquarelliste à Roussillon. Une émotion intense.  Une raison de plus pour me dire que ça vaut la peine de continuer..

Un dernier mot pour vous dire que la semaine prochaine je compte faire un stage pour m’améliorer. Avec un aquarelliste dont j’admire le travail. Je vous en reparlerai.

On ne finit jamais d’apprendre.

Enfin, si vous voulez me faire un cadeau, même si vous n’êtes que 53 à le faire, n’hésitez pas à voter pour mes aquarelles dans le concours de Pratique des Arts (thème nature morte, page 2)..  on ne sait jamais ;  on oublie qu’on a aucune chance, et sur un malentendu ça peut marcher..(Michel Blanc dans « Les Bronzés »..)

Chats, rue… (avant les boeufs ?)

Désolé de ce titre d’article qui montre bien la fatigue après un été éprouvant ; nous voilà donc en septembre et la rentrée est là, ainsi que le nouvel exercice pour élèves. Vous noterez que j’ai posté ma deuxième version de la Sorgue, format horizontal, pour le précédent.  Ce nouveau défi concerne des vues du village du Crestet ; je ne posterai cette fois aucune photo avant le 14 septembre, inutile de m’envoyer votre travail avant. Par contre  ce sera par ordre de réception, sous contrôle de Maître Lamanière, huissier de justice à Velleron..    (j’en profite pour signaler que j’apprécie un petit « bonjour » pour accompagner vos envois, je reçois parfois juste une photo, sans rien d’autre, qui ne me donne pas envie de continuer ces exercices bénévoles..) Bref ;     Vous aurez remarqué la présence d’un personnage sur une des photos.  Personnellement je préfère mettre en avant la beauté des lieux sans y mettre la présence de l’homme ; mais je reconnais que des rues de villages puissent être plus vivantes avec .

Ruelle au Crestet (30 x 40 cm)Si comme moi vous habitez chez votre chat, peut-être  opterez vous pour  lui rendre hommage en le plaçant  innocemment dans la composition.. Cette ruelle est d’ailleurs inspirée d’une vue du Crestet.

Cette autre ruelle, à Mollans sur Ouvèze, est aussi garnie de félins..

Ruelle à Mollans sur Ouvèze (30 x 40 cm)La position du chat est la même sur les 2 photos ;  sans doute regarde t-il un petit lézard ou une sauterelle dans un coin..

« L’idéal du calme est dans un chat assis ». (J. Renard)

Un dernier mot concernant le commencement d’une aquarelle : Ne mettez pas la charrue avant les boeufs. Cela signifie qu’il faut prendre son temps pour le dessin, surtout quand il y a des maisons (et donc un peu de perspective), quitte à utiliser des équerres ou un quadrillage.. Prenez le temps , il vous le rendra…